Année 1928
Extrait (...)
l'extraordinaire succès du Concours
d'improvisation et de la Cinquième Merendella des Poètes
Corses, organisés à l'occasion de la fête
de A Santa di Niolu (...)
Une foule considérable s'était portée,
dès le 8 septembre, à Casamaccioli, attirée
par l'annonce du « Concours d'improvisation » et des
représentations du « Teatru di A Muvra », visiblement
ravie de se retrouver dans une ambiance de fraternité et
de sentiment Corses.Dès les premières heures de
la matinée, U Sampetracciu et sa troupe depuis la veille
sur place pour l'organisation des spectacles reçoivent
les participants aux manifestations et aident à se garer
les nombreuses voitures pavoisées de drapeaux corses qui
ont amené la grande famille de « A Muvra ».
Autour de Petru Rocca et madame, on reconnaît notamment
Paul Graziani, Mattei-Torre, Alessiu Marchetti, Roger Palmieri,
l'abbé Dominique Carlotti, Stefanu Lucciani (U Pastore),
Minicale, la plupart accompagnés de parents et d'amis.
Aux environs de dix heures, c'est l'arrivée, fort remarquée,
de l'équipe confraternelle de « Corsica »,
avec, à sa tête, le directeur D.P. Leonetti. Poignées
de mains, accolades, acclamations répétées
marquent la venue de ces « Curnpagni di .fede », entrés
depuis peu dans la bataille avec une vigueur sympathique. Entre
temps, prenant place aux divers coins libres du champ de foire,
les Niolins ont grossi la foule. Divota Paoli et Minichellu d'Ascu
sont parni eux.
Voici bientôt venue l'heure de la messe, suivie de la
traditionnelle procession de A Santa, la statue miraculeuse. Sur
son passage devant le quartier général des Corsistes,
le drapeau national à la tête de Maure s'incline.
Peu après une quarantaine de personnes, membres de Comité,
se retrouvent pour le repas, saluées par une belle allocution
de l'abbé D.Carlotti et les souhaits de bienvenue de Minicale,
Minichellu d'Ascu et Divota Paoli. Mais on ne s'attarde point
à table, car le programme de l'après-midi est très
chargé. Le Concours d'improvisation, si impatiemment attendu,a
amené plus de mille personnes,. qui ont littéralement
envahi l'enceinte du Teatru Corsu.
Le jury est bientôt sur.scène. Les sujets à
traiter son tirés au sort au fur et à mesure du
passage des candidats. Un petit incident se produit avec Divota
Paoli à qui échoit: « A caccia di u Cignale
». Un nouveau tirage lui est accordé, et, cette fois,
le sort lui attribue : « E-donne Corse ». Mais ce
thème est à peine effleuré par l'improvisatrice
du Rostinu, peu en verve visiblement, et qui s'égare dans
des généralités et des lieux communs. Le
jeune Tiolu, de L'Acquale, poète de talent, traite avec
maîtrise : « E nostre giuvanotte » ; mais il
est desservi par une voix au timbre peu harmonieux et par une
certaine raideur d'attitude. Minicale, l'anrarte d'Evisa, en pleine
possession de ses moyens, chante: « U Pilone » sur
des sizains délicatement tournés.
Sa belle voix résonne tantôt comme un bruit de cymbales,
tantôt comme la plainte d'un pipeau. A Parnpasgioiu échoit:
« A pipa d'Orezza », un sujet assez facile ; mais
la très belle sonorité de sa voix ne parvient pas
à faire oublier les nombreux francesismi dont il émaille
ses ottave, ainsi que sa... présentation sur scène.
On entend ensuite tour à tour : dans « A scala di
Santa Regina », Ferdinandu Acquaviva, dont la belle voix
égale le talent poétique; U Cacciadore, dans «
A morte d'un sumere »; Minichellu d'Ascu, toujours égal
à lui-même, dans « U Castagnu », sujet
délicat dont il se tire à merveille avec habileté
et originalité; Leca di u Furcatu, qui plaisante avec brio
sur le thème: « Parte Joseppu », tout en analysant,
en six strophes, le drame de l'exode. Enfin, quelques jeunes gens
(Santucci, Grisolu et U Sedeciannincu), bien qu'intimidés
par la nombreuse assistance, font preuve de réelles qualités
d'imagination.
Après une suspension du spectacle, pour permettre au jury
de se prononcer, la proclamation des prix a lieu. Toutefois, pour
départager quelques ex-equo, de nouvelles épreuves
sont décidées. Enfin les cinq premiers prix sont
attribués, à l'unanimité, dans l'ordre suivant:
Minicale, Tiolu, Minichellu, F. Acquaviva et Pampasgiolu. A la
demande de la foule, qui réclame à grands cris U
Sampetracciu, Ghjannettu Notini interprète quelques-unes
de -ses chansons, dont le recueil récemment paru : «
Una manatella di Canzone » est en vente à l'entrée
de l'enceinte. Petru di Niolu, Minicale, Tiolu, Leca di u Furcatu
prennent heureusement la relève de l'auteur-acteur, qui
s'est dépensé jusqu'à extinction de voix
et risque de ne pouvoir assurer la représentation théâtrale
prévue pour l'après-dîner.